La Corneille

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Par Stacy Algrain
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L'heure des forêts !

Baskets kangourou, DiCaprio sauveur de loutres et dauphins en détresse ? Tout ça, et beaucoup de jeux de mots, c'est dans La Corneille !

Vendredi 24 mars 2023

Chères Corneilles,

Bienvenue dans ce 8ème courrier.
Ce mardi, le monde célébrait les forêts et ses trésors.

Elle est l’un de ces lieux qui dialogue avec nos cœurs et nos inconscients. Donnez une forêt à un enfant et elle deviendra magique. Fées, dragons et chevaliers, vous voilà plongé dans l’épopée fantastique d’une princesse en quête d’un royaume perdu.

Réalisateur ou artiste ? Peut être obtiendrez-vous un blockbuster questionnant notre rapport à la nature.

C’était là ce que j’aime dans cet environnement. 
Les possibilités infinies qu’il renferme. 
Ses odeurs, ses lumières, ses bruits et ses formes. Tout est là, à condition de s’autoriser à sentir et ressentir. 
Et moi, ce qui me manque, c'est de m'attarder sur le monde du minuscule. 


Débusquer les cachettes à champignon, pister les traces des animaux s’affairant dans la forêt à la tombée de la nuit, reconnaître les coups discrets des pics sur les troncs. C’est un peu comme prendre mon pouls. M’assurer que le vacarme de la ville n’avait pas fini par me rendre sourde aux bruits du dehors.

Mais, chaque fois que je reviens, mes craintes disparaissent. 
Oui, il y a parfois des choses si profondément ancrées qu’elles sauraient tout aussi bien résister à une tempête.


Alors, je veux remercier l’enfant que j’étais pour les glands et marrons glissés dans mes poches. S’ils n’auront jamais pris racine dans l’humus des bois, mon âme n’en aura pas été un moins bon terreau.

Bonne lecture...

Ps: pour entendre ma voix récitant ces mots ainsi qu’un passage du poème “La forêt” de Chateaubriand, découvrez ma chronique sur RCF !

“Avez-vous vu cette forêt ?”

Après les chats et les enfants perdus, devrons-nous bientôt coller des affiches pour retrouver toutes ces forêts évaporées ? Écrits sur une feuille A4, probablement produite grâce à l’un des derniers représentants de son espèce, un appel à l’aide et un numéro de téléphone. Joignable jour et nuit, ce serait là le début d’une longue attente. Et un jour, un appel anonyme. La voix d’un vieillard ayant pu mettre la main sur une archive de son époque : “17 mars 2023. L'accélération de la disparition des forêts de montagne menace les points chauds de la biodiversité.”

Elle était là, la preuve irréfutable d’une disparition permise par notre inaction collective. Cette étude publiée dans la revue One Earth expliquait très clairement qu’alors que les habitats forestiers des montagnes abritaient plus de 85% des espèces d’oiseaux, de mammifères et d’amphibiens de la planète, leur destruction s’était accélérée. Entre 2000 et 2018, ce sont ainsi 78,1 millions d’hectares, soit 7,1% des forêts des montagnes qui avaient été perdus. En 20 ans, l’exploitation forestière ou encore les feux de forêts avaient rayé de la carte une superficie équivalente à celle du Texas.

Si le panorama était bien désolant, les chercheurs identifiaient des raisons d’espérer. Ce n’était pas encore assez, mais sur les zones mises à nue, 23% comportaient des repousses d’arbres.

Sauver ces écosystèmes et leurs espèces était donc possible à condition d’enrayer cette destruction massive et de leur accorder suffisamment d’espace pour s’épanouir…

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Les prochaines générations seront elles vouées à fouiller dans les archives pour comprendre ce qu’il est arrivé aux forêts ? Sauront-elles seulement ce qu’est une forêt ou n’existeront-elles plus qu’à travers de vieilles photographies sur nos smartphones ? Il semblerait que nous le saurons bientôt. (GoodPlanet)

Les brèves

  • SOS d’un dauphin en détresse… Il ne fait pas bon être un dauphin sur la planète bleue (hmm, ou juste un être vivant enfait) ! Après l’hécatombe sur les côtes françaises, ce sont les dauphins de l’Irrawadi qui doivent lutter pour ne pas être pris dans les filets des pêcheurs. Pourtant, ce mammifère marin est adoré par les Cambodgiens. Il serait “la réincarnation d’une jeune fille poursuivie par les forces du mal que le fleuve Mékong aurait métamorphosée en une créature de la rivière pour la protéger” ! En danger critique d’extinction, celui que l’on surnomme le “Sourire du Mékong”, ne compte plus que 90 individus dans sa population… Victime de la pêche, le royaume tente de le protéger en durcissant les lois autour de cette activité. Pourtant, alors qu’un long jeu du chat et de la souris semble débuter pour les 70 patrouilleurs, pour les dauphins, cela fait déjà longtemps que le compte à rebours a commencé… (GoodPlanet ; WWF)

  • 100 de perdus 1000 de retrouvés ? Il y a quelques semaines, la Thaïlande lançait un avis de recherche. “OÙ SONT PASSÉS LES SINGES DU TEMPLE DE THAM PHA MAK HO ?” Tandis qu’ils étaient plusieurs centaines à venir y chercher de la nourriture chaque jour, les habitants ont vu leur nombre diminuer de manière inquiétante. Toujours en cours d’investigation, les autorités envisagent toutes les pistes : changement de saison ou covid19 et son impact sur le tourisme… Mais, l’explication pourrait être bien plus cruelle. Et s’ils avaient été enlevés pour alimenter un trafic à destination des laboratoires américains ? Avec la suspension de l’exportation de macaques par la Chine, le prix pour un individu a été multiplié par 5 ou 10 pour atteindre jusqu’à 2700€. Dans le même temps, aux États-Unis, les autorités tentent de trouver une solution pour les 1000 macaques à longue queue introduits illégalement sur le territoire pour répondre aux demandes des laboratoires… Coïncidence ? (The Guardian, The Guardian)


Les brèves

  • DiCaprio, sauveur de loutres et d’anguilles. Vous l’avez vu s’endormir dans une carcasse de cheval et mourir gelé dans l’océan Atlantique, mais quand il n’est pas dans un film ou sur son yacht, Leo s’engage aux côtés d’ONG ! Et quel succès ! Après une longue campagne, la Vjosa, en Albanie, devient le 1er fleuve a obtenir le statut de parc national de rivière sauvage. Cet habitat, précieux pour les loutres et anguilles, bénéficie désormais du plus haut niveau de protection possible et voit la menace des projets hydroélectriques s’éloigner. Cette nouvelle en serait presque aussi réconfortante que les bras de Léo (ben ouais, être une Corneille et fan de Titanic, ce n’est pas incompatible…). (Géo)

  • Crocodile sur le polo, Kangourou aux pieds. Avec plus de 90 millions de kangourous abattus en 30 ans, l’Australie fait la chasse au marsupial considéré comme nuisible. Si les animaux tués alimentent l’industrie de la viande et les poches des autorités australiennes, il est une industrie qui a longtemps participé dans l’ombre à cette danse macabre. Peu le savent (en tout cas, la dame aux Corneille ne le savait pas), mais de nombreuses marques utilisaient la peau de kangourou pour habiller les humains avec style. Parmi elles, on retrouvait Adidas et Nike. Et oui, après avoir dénudé nos amis sur ressorts, elles se servaient du cuir pour habiller les pieds des footballeurs et autres amateurs de sport. Manque de bol, la société évolue et les lois aussi ! En janvier, l’état d’Oregon, où Nike possède son siège, a introduit une loi interdisant l’achat, la vente et la commercialisation des produits contenant des “morceaux” de kangourou. La marque a donc dû annoncer qu’elle passait au synthétique ! (The Guardian)

  • “Mettez-vous à l’aise !” En Inde, depuis quelques années, des efforts incroyables sont déployés pour protéger des espèces emblématiques comme le lion. Signe d’avancées, c’est après avoir constaté que la place commençait à manquer que les équipes du parc national de Gir, en Inde, ont dû se lancer dans une campagne de lobbying. L’objectif : convaincre le gouvernement de Gujarat de déplacer certains lions dans un sanctuaire pour animaux sauvages. Après une belle victoire, il a été décidé que 40 lions seraient transférés, augmentant ainsi leur bien-être et leur résilience face aux maladies ! (The Guardian)

Le printemps arrive et avec lui, nos sens s’éveillent…

Si lors de la dernière édition nous vous parlions d’un mammifère crépusculaire, je vous propose cette fois-ci de lever la tête et de scruter les troncs, encore bien visibles, avant que les arbres ne se parent de leur nouveau feuillage.

Pour éviter le torticolis d’ailleurs, n’hésitez pas à vous allonger au sol ou à vous adosser à un arbre. Ce serait bête de louper nos voisins du jour : les pics.

Le printemps est la période la plus propice à l’observation des picidés (la famille des pics). Alors que les blaireautins viennent de naître, la reproduction commence chez les pics. Vous les repérerez d’abord grâce à votre ouïe. D’ailleurs, je suis certain que le tambourinage des pics contre les arbres vous est déjà familier. En début de printemps, les pics préparent les loges qui accueilleront les couples et la couvaison.

Pour les repérer, plusieurs possibilités : marcher doucement en direction des tambourinages - tout en respectant une distance raisonnable pour ne pas leur faire peur bien sûr. Pour observer les animaux à bonne distance, sans les effaroucher, je vous recommande chaudement d’investir dans une bonne paire de jumelles (comme celles-ci). Pic vert, pic épeiche, pic noir, plusieurs espèces très différentes peuvent être observées en France et ont chacune leurs préférences en milieu et en arbres.

Vous pourrez également les repérer à leur vol qui suivent une trajectoire ondulée. Imaginez un pic à la piscine en train de nager le papillon, vous l’avez ?

Vous entendez un pic proche de vous ?
Asseyez vous et restez tranquilles, il y a de grandes chances qu’il vienne s’agripper à un arbre proche de vous pendant quelques instants. Si vous croisez des loges, petites cavités rondes ou ovales dans les arbres, soyez attentifs et observez à travers vos jumelles, peut-être qu’un pic s’y niche ?

D’ailleurs, même après avoir été abandonnée par le pic, sachez que d’autres espèces apprécient fortement le travail réalisé et squattent avec grand intérêt leur ancien logis. Chouettes, chauves-souris, martres… D’où l’immense intérêt de préserver ces arbres façonnés par le vivant !

À vous de jouer ! Partagez-nous vos observations et découvertes printanières…


Dans l’oeil de la Corneille
Surprise du jour, pour voir notre pic noir à l’oeuvre, découvrez une petite vidéo capturée par Nicolas.


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